Je ne sais pas ce qui a été à l’origine de cette pulsion de renouer avec Valcreuse mais, toujours est-il que, depuis quelques années, j’interrogeais périodiquement Internet avec l’espoir de retrouver, au hasard de ces voyages dans le cyberespace, des traces de ce passé. Qu’étaient devenus l’école, les amis, les profs, le directeur ?
Question sans réponse puisque la seule nouvelle que je recueillais m’apprenait, par un article de journal, que le collège avait fermé ses portes.
Et puis, le 28 avril 2006, je découvre un site, Copainsdavant.com, contenant le mot « Valcreuse » et le nom de Thierry Meyer. De toute évidence, ce type, dont je me rappelais fort bien, était en mal de souvenirs et cherchait à établir un contact.
Échanges de mails, pas trop certains d’être déjà prêts à entendre nos voix, nous correspondons brièvement, tâtons le terrain pour nous assurer que « c’est bien le même gars qu’on avait connu » et que la « retrouvaille » ne « gâchera pas » le souvenir qu’on a dans la tête.
Et puis, le mot est lâché : tu sais Thierry, je caresse depuis un certain temps le rêve, si on peut appeler ça un rêve, de retrouver le plus grand nombre d’anciens possible. Dès ce moment, c’était parti ! Je sors les négatifs des photos que j’avais. Imaginez, roulés dans leur capsule depuis 35 ans, tout un défi de reproduire des photos à partir de ces « ressorts » que, dans mon empressement, je manipulais trop rapidement et qui se re-roulaient d’eux-mêmes, l’air de dire : c’était à toi de ne pas nous oublier aussi longtemps!
Ils avaient raison !
Suite à ça, Thierry crée le blog, j’ouvre un site pour les photos et on commence la chaîne.
Valcreuse a été pour moi une période formidable délimitée par deux déchirements : celui de quitter ma famille pour les études en 1968 et celui de quitter mes amis pour ma famille en 1972.
Entre les deux, il y a eu Donato Pian qui promettait des pizzas à toute l’équipe de foot si on gagnait, l’arrivée de la première fille à l’école, Malak El Zanaty, le championnat de hockey de je ne sais quelle année où, pour une fois, on a eu autre chose que la coupe fairplay, les fameuses chasses au trésor dans toute la ville, le championnat de descente de skibob qui a été judicieusement transformé en slalom géant après les nombreuses chutes spectaculaires de la première année, la cheville cassée de Jugurta et Monsieur Crettex, notre chauffeur de bus, qui regardait les radios et disait : « oui, c’est une fracture ». Jugurta n’avait pas vu les radios, mais je crois qu’il était d’accord. Il y a eu ce moment belliqueux entre Ador et moi, une bonne bagarre qui s’est terminée par une réconciliation (je l’ai toujours cru, mais pourquoi est-ce qu'il ne répond pas à mon mail ?)
Je racontais aussi dernièrement à Thierry Meyer une anecdote qui l’a bien fait rire : Un groupe d’entre nous avaient été invité, je crois que c’était chez Malak. Dans le salon, il y avait un fauteuil qu’on me disait être en peau de chameau (!), avec le poil ! Et il était dru ! Selon que ce dernier pointait vers le devant ou vers le fond, on était assis très « à l’équerre » ou on glissait inexorablement vers le plancher. Peut-être que Donato aurait aimé avoir de tels coussins pour garnir les chaises de classe et nous garder droits et attentifs pendant les cours ! Il est certain que plusieurs auraient eu l’idée de « retourner » les coussins sur les chaises des profs, question de s’amuser.
Toutes ces histoires ne sont que des moments de la vie, des anecdotes, quelques-unes peut-être même un peu romancées, mais elle me font réaliser que ce sont ces moments-là qui, mis bout-à-bout, constituent la vie.
Parler-nous donc de vos moments !
Christian
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